La recherche de la justice
Quel est l'homme qui fut jamais aimé, comme est aimé, après deux mille ans, notre maître adoré, Jésus-Christ? Depuis le jour où Madelaine baisait ses pieds, et depuis le jour où saint Jean posait sa tête sur la poitrine du Bien-Aimé, l'ardent amour pour le plus grand et le plus beau des hommes s'est répandu par toute la tere. Je sais les enthousiasmes avec lequels, aujourd'hui même, les plus vigoureux coeurs s'élancent vers lui et lui crient: Je t'adore! Et pourquoi cet amour immense et immortel à travers les générations? C'est qu'il est le plus grand et le premier de ceux qui ont cherché, jusqu'à la mort, la justice avant tout, et qu'il est par son sang, le fondateur du royaume de Dieu.Quand est-ce donc que les coeurs se donnent, sinon quand ils découvrent dans un coeur la sublime beauté du courage, du courage absolu pour le triomphe du bien? C'est là la gloire, la gloire qui vient de Dieu et que les hommes glorifient dans leurs coeurs.
La justice, la justice pratiquée. Voilà le point; voilà ce que veut notre Père. Ni la pieuse tendresse qui soupire et s'écrie: Seigneur Jésus! ni les merveilles de nos sciences, de nos arts, de notre civilisation, qui se sont développées au nom du Christ; ni les sublimités théologiques de sa doctrine, démontrée et mise en lumière; ni les miracles surnaturels opérés en son nom, rien de cela ne nous fera entrer dans le royaume du Ciel. C'est la pratique de la justice qu'il faut; c'est elle qui est la voloné de Dieu; c'est elle, elle seule, qui conduira l'humanité vers le royaume de Dieu. A l'oeuvre! à l'oeuvre de justice! C'est là, la volonté du Père.
Alphonse Gratry, Commentaire sur l'Evangile selon saint Matthieu. T. I